Visiter Alta Gracia en Argentine : Musée du Che

alta gracia

Petite ville tranquille de 50 000 âmes, Alta Gracia est située à une quarantaine de kilomètres de Cordoba. Outre son élégante estancia jésuite, Alta Gracia attire surtout les touristes grâce au musée du « Che » qui retrace l’enfance d’Ernesto Guevara, le révolutionnaire devenu légendaire.

La maison ne paye pas de mine et pourtant sous son toit a grandi un des plus célèbres révolutionnaires de l’histoire. C’est ici, au n° 501 de la rue Nicolás Avellaneda à Alta Gracia, dans une maison modeste qu’a grandi le petit Ernesto Guevara de la Serna. « Ernestito » comme le surnommait affectueusement sa nourrice, est né le 14 juin 1928 à Rosario (3ème plus grande métropole argentine).

Mais dès sa naissance, le bébé présente des problèmes de bronches qui se transforment rapidement en asthme. Aussi, dès la fin de l’année 1932, la famille Guevara déménage à Alta Gracia pour bénéficier d’un climat plus sec et d’air pur.

Malgré ses problèmes de santé Ernesto profite de la vie. C’est un garçon actif et qui pratique divers sports, toujours dans un esprit de contrôle et d’autodiscipline. Il est un enfant intelligent, espiègle même et développe très tôt un goût prononcé pour la lecture. Jules Verne, Émile Zola et Horacio Quiroga entre autres accompagnent son adolescence.

Alta Gracia

Ernesto l’adolescent philosophe

La famille Guevara quitte Alta Gracia en 1943 direction la capitale régionale, Cordoba. À 17 ans, Ernesto se prend de passion pour la philosophie jusqu’à écrire son propre dictionnaire philosophique. La famille déménage de nouveau en 1947 à Buenos Aires et Ernesto s’inscrit à la faculté de médecine.

Le 1er janvier 1950, alors qu’il n’a que 21 ans, le jeune étudiant quitte Buenos Aires sur une bicyclette Garelli préparée avec un petit moteur « Micron ». Il passe par Rosario puis Cordoba et se rend jusqu’à Santiago del Estero. Un périple de plus de 4000 km au cours duquel il observe et prend conscience des injustices qui règnent dans son propre pays.

De l’Argentine au Venezuela

En 1951, Ernesto et son ami de collège Alberto Granado traversent les frontières et partent à l’assaut de l’Amérique latine. Cette fois, c’est au guidon d’une Norton de 500cm³ que les deux hommes s’élancent le 29 décembre 1951. Une moto qu’ils baptisent « La Poderosa II », comprenez « la Puissante » !

De Buenos Aires, ils mettent le cap sur la Patagonie argentine avant d’atterrir à Santiago du Chili. Puissante peut-être, mais fiable sûrement pas ! La Norton rend l’âme dans la capitale chilienne, contraignant les deux hommes à poursuivre leur périple avec leur sac à dos. En passant par le centre de lépreux de San Pablo au Pérou, les deux hommes se voient offrir une embarcation baptisée « Mambo Tango ».

Naviguant sur le fleuve Amazone, ils atteignent les frontières entre Pérou, Colombie et Brésil et atterrissent au Venezuela. Tout au long de ce parcours, le jeune Guevara observe avec amertume l’exploitation des salariés, la pauvreté et les maladies.

Le bourgeois se rapproche des travailleurs et observe impuissant les conditions des indigènes et les injustices. Les deux compagnons de route se séparent et Ernesto retourne à Buenos Aires terminer ses études de médecine. Il valide les 14 matières restantes en un an et est diplômé le 11 avril 1953.

La naissance du « Che »

Diplômé de médecine et alors âgé de 25 ans, Ernesto entame son second voyage en Amérique latine, cette fois avec son ami d’enfance « Calica » Ferrer.

Ils quittent Buenos Aires et traversent la Bolivie et le Pérou avant d’arriver en Équateur où les deux hommes se séparent. Ernesto continue son périple jusqu’au Guatemala où il rencontre le révolutionnaire cubain Nico Lopez qui lui donnera d’ailleurs le surnom de « Che », en référence à cette expression très utilisée par les Argentins pour interpeller quelqu’un et qui ne quitte pas les lèvres du futur guérillero, au même titre que ses cigares.

Après le Guatemala, pays écrasé par Washington, Guevara ne sera plus jamais le même. Le révolutionnaire est né, et son aversion pour les États-Unis également. Le Che veut frapper l’impérialisme américain, et il ne trouve d’autre recours que la violence. Le révolutionnaire s’affirme et se revendique ouvertement communiste, tout comme il clame haut et fort sa haine de la social-démocratie.

Musée Del Che
Musée Del Che

Che Guevara le sanguinaire

La radicalisation du Che est définitive lorsqu’en 1955 il rencontre Raúl Castro, le frère de Fidel. Le futur « Lider Maximo » invite le jeune Argentin à rejoindre son mouvement de guérilla.

Les trois hommes renversent la dictature de Batista et prennent le pouvoir à Cuba. En même temps que la dictature castriste s’installe, pluralisme, liberté des médias, liberté d’opinion et d’expression disparaissent. « El Comandante » – nouveau surnom attribué au Che par Fidel Castro – est en charge du contrôle militaire et policier de La Havane.

Il participe à la création de la police secrète et établit des procès des plus sommaires.  El Comandante se charge lui-même d’exécuter bon nombre de « dissidents ». Guevara a le goût du sang et n’épargne quiconque entrave la marche en avant du nouveau pouvoir en place.

Criminels de l’ancien régime de Batista, déserteurs, soldats ou démocrates contestant le régime de Castro, les contre-révolutionnaires passent tous au peloton d’exécution. Le despote Fidel Castro s’installe, bien épaulé par Raúl et Guevara qui plongent La Havane dans la terreur.

Che Guevara, le sectaire mégalo devenu gênant

Numéro 1 dans la chasse aux sorcières à Cuba, Guevara le sanguinaire aggrave son cas en se révélant également être un piètre ministre. Les avertissements de ses collaborateurs n’y feront rien, le Che est désespérément obstiné et ne se remet jamais en question. D’abord ministre de l’Industrie puis des Finances, l’Argentin fait sombrer l’économie cubaine et délaisse totalement le peuple. Désormais gênés par sa présence et soucieux de diriger Cuba d’une seule main, les frères Castro envoient le Che loin de leur île avec pour mission d’étendre la révolution à toute l’Amérique latine. Nicaragua, Colombie, Venezuela, le révolutionnaire international reprend la route et son modèle va nourrir tous les mouvements d’extrême gauche.

Hasta la victoria siempre

Le Che ne se limite pas au seul continent latino-américain et ira jusqu’à mener des guérillas en Afrique, mais sans succès. De sa relation avec le FLN algérien ou encore les mouvements de libération en Palestine, le Che est impliqué dans de nombreux mouvements révolutionnaires à travers le monde, mais sans jamais parvenir véritablement à exporter le « modèle guevariste ». 

Le destin du médecin argentin bourgeois devenu révolutionnaire s’arrête brutalement en 1967. Guevara est fait prisonnier par l’armée bolivienne et exécuté le 9 octobre 1967 alors qu’il n’a que 39 ans. Ses restes ne seront retrouvés qu’en 1997 et déplacés à Santa Clara (Cuba) où le régime fera dresser un monument à sa gloire.

L’icône controversée

Malgré ses erreurs, son obstination, son extrémisme et le sang qu’il a sur les mains, le Che demeure – à tort peut-être – une figure légendaire.

On adore le personnage charismatique, déterminé, le symbole de la liberté et de la lutte contre les injustices, l’intellectuel, l’infatigable guérillero, l’homme de pouvoir refusant les privilèges, le révolutionnaire au regard ténébreux qui sera allé au bout de ses idées et sera mort pour les défendre.

On oublie l’homme sectaire et sans pitié, le jusqu’au-boutiste, l’assassin et le machiste.
La renommée du Che ne serait pas ce qu’elle est sans le portrait du photographe cubain Alberto Korda. Un cliché repris par le journal « Revolucion » puis par les artistes Jim Fitzpatrick et surtout Andy Warhol.

Mais si la figure du Che est encore dans toutes les mémoires – et imprimée sur les t-shirts et posters du monde entier – pas sûr qu’elle n’ait jamais fait et ne fasse jamais l’unanimité dans les rues de Cuba. Et sans doute encore moins dans ses prisons.

Museo casa del Che
Adresse : Nicolás Avellaneda 501, 5186 Alta Gracia
Ouvert du mardi au dimanche, de 9h à 18h30

Astuce : Possibilité de prendre un Pass 3 musées pour 90 ARS et visiter aussi l’estancia jésuite et le musée de l’artiste français Gabriel Dubois.


Les autres sites à voir à Alta Gracia
Dans le centre-ville, impossible de passer à côté de l’estancia jésuite. Un ensemble architectural remarquable. Il est possible de visiter l’église, le jardin et quelques pièces mais le musée est payant.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *